Y'a les gens croisés dans une rue. Y'a les gens rencontrés au hasard d'une soirée. Y'a les gens qui vivent tout près de toi, mais pourtant si loin. Y'a ceux qu'on connait. Y'a ceux qu'on cherche à connaître. Y'a ceux qu'on regarde vivre sans oser être plus qu'un spectateur de leur vie. Y'a ceux qui ont d'l'importance. Y'a ceux qui pourraient être des amis et qui n'sont que des inconnus. Y'a tous ces gens dont les regards nous marquent pour telle ou telle raison. Y'a tous ces gens que je vois en me disant que si les choses n'avaient pas été c'qu'elles sont, on aurait pu marcher un petit bout d'chemin côte à côte. Y'a tous ces gens qui auraient pu me tendre les bras. Y'a tous ces gens que je rencontre, dont je partage des bouts d'vie pendant quelques jours, pour ensuite les laisser de côté parc'que j'ai pas les bras assez grands. Et puis surtout y'a toi. Y'a toi depuis plus de deux ans. Y'a tout c'qu'on a vécu ensemble et tout c'qu'on a encore à vivre. Des rires aux larmes. Y'a ces projets et ces rêves communs, y'a ces envies similaires et ces réactions identiques. Y'a ces boutades dont nous seules avons l'secret et que nous seules comprenons. Y'a notre monde qu'on s'est inconsciemment construit au fil du temps. Y'a ces souvenirs qui s'amoncellent et tes yeux qui brillent. Y'a ton rire, ta façon d'être, ton esprit tordu, tes coups d'gueule et tes coups d'coeur. Y'a tout ça que j'connais si bien. Quand t'es pas là il m'suffit d'fermer les yeux pour me retrouver avec toi et t'imaginer vivre. Mais vivre sans moi. Y'a ce grand manque alors que t'es pourtant pas bien loin. Si tu savais à quel point j'espère que nos projets s'concrétisent. Si tu savais à quel point tout c'que j'souhaite dans l'immédiat c'est une vie rouennaise avec toi. C'est triste à dire mais pourtant ma vie a pris un chemin différent d'la tienne. Rien d'bien étonnant cela dit, on s'y attendait. Mais au fond, j'ai beau faire celle qu'avait prévu l'coup, j'crois pas qu'j'y étais vraiment préparée. J'ai qu'une hâte, que tu reprennes ta p'tite place bien douillette. Qu'on recommence à s'voir tous les jours, même si ça doit être au point d'en finir par s'crier d'ssus. Qu'on reprenne la cueillette des marguerites là où on l'avait laissée, les séances photos dans les champs, les cris d'éléphant dans les couloirs, les cherchages de mots rigolos. Qu'on aille faire la chouille ensemble, toutes guillerettes, comme au bon vieux temps. Y'a ce grand manque de toi alors que t'es tout près mon Gleuh.
C'est fou ce que l'on peut aimer des gens.