Ska-loon

Au café des jours heureux.



On aura beau dire c'qu'on voudra, mais cette accumulation de fatigue, ce foie en piteux état,

ce manque de temps, ces discussions pour ne rien dire, ces commérages de vieilles filles,

ces gens qui défilent, ce soleil qui montre le bout d'son nez, c'est rien que du positif !

 

Tu m'expliqueras comment tu fais, toi qui t'entiches de ceux qui s'entichent, toi qui t'accroches à ceux qui s'accrochent. Moi je n'sais que fuir. Moi si je m'attache, c'est à ceux qu'il ne faut pas, c'est à ceux qui s'attachent à une fille qui n'est pas moi, c'est à ceux qui n'me calculent à peine. Explique-moi comment on fait, comment on cherche, comment on trouve, comment on fait pour ne plus douter, comment on fait pour aller de l'avant, comment on fait pour faire abstraction des autres tout autour. Moi je n'sais pas, je n'sais pas et c'est malsain, je n'sais pas et je me méfie, je n'sais pas et j'avance à reculons.
 

 

" A force de faire tout l'temps des clins d'oeil au destin, ben tu vois, le destin, un jour, il s'en fout. "



C'est effrayant d'être tant entourée et de pourtant se sentir parfois si seule.

 

(Une bonne dizaine de projets à finir nickel chrome pour lundi matin,

et un petit examen d'histoire des arts demain matin, va peut-être falloir s'y mettre..)

 

Je bouquine dans un hamac, je suis une caissière qui drague un client, je rigole niaisement des bêtises de Floflo le phénomène, je suis une poule qui picore des graines invisibles, j'aide Charlène à être un tout petit peu moins à la bourre, je bois tout ce qui peut être bu, je dors toute seule chez Charlène, j'accumule le manque de sommeil et j'aime ça, j'erre d'atelier en atelier, je me blottis furtivement contre lui, je dépense plein de sous, je vais boire un verre avec l'éternelle Team Pikton, je dessine des poissons pour Angélique, je joue dans Taxi Driver, je pique du gâteau au chocolat à Natacha, je promets des gaufres, je croise Floflo sur le chemin d'l'école, je peinds avec les mains, je pleure de rire quand Inga ou Miri improvisent, je coupe les cheveux de Paul, j'ai des gens plein la vue.
 

 

Un bien fou. Je pousse la porte et je n'pense plus à rien d'autre. On papote un quart d'heure, et on se détend. On vire toutes les idées noires, tous les soucis, tout le stress de la journée. On est bien, juste bien. Et on repart toujours avec un énorme sourire scotché aux lèvres. Un bien fou, le théâtre.